L'allaitement est une expérience précieuse qui lie intimement une mère à son bébé. Il s'agit d'un véritable don de soi qui donne lieu à une aventure lactée aussi unique qu'extraordinaire. Il arrive néanmoins un moment où la question du sevrage se pose et où il est important de faire face à l'idée qu'un jour cette parenthèse magique prendra fin. Que ce soit pour des raisons personnelles, professionnelles ou même physiologiques, le sevrage de l'allaitement est donc une étape essentielle de la maternité. Un cap qu'il est primordial d'aborder avec bienveillance. Comment gérer au mieux le sevrage de votre allaitement ? Comment sevrer bébé en douceur ? Quels sont les différents types de sevrage existant ? Comment accompagner votre enfant avec amour et douceur ? Nous vous proposons de découvrir notre nouvel article à ce sujet et de vous laisser embarquer dans cette nouvelle lecture.
Le sevrage de l'allaitement, qu'est-ce que c'est au juste ?
Le sevrage naturel est un processus physiologique qui intervient lorsque bébé commence à diversifier son alimentation et qu'il réduit naturellement sa dépendance et son besoin de lait maternel. En grandissant, bébé varie ses ressources en nutriments et découvre une multitude d'aliments capables de répondre à ses besoins nutritionnels.
Progressivement, il se détache du sein et diminue ses demandes de tétées. L'allaitement répondant à la loi de l'offre et de la demande, votre production lactée s'amenuise jusqu'au moment où vos boobs ne produisent plus de lait.
Il est important de préciser qu'en cas de sevrage naturel, c'est-à-dire un sevrage initié par l'enfant lui-même, le processus prend du temps et varie d'un nourrisson à l'autre. Chaque enfant évoluant à son rythme, il faut généralement compter entre 2 et 4 ans, voire 6 ans.
Bien évidemment, ce sevrage peut aussi être induit et/ou planifié. Ceci dans plusieurs cas de figure :
Reprise du travail avec l'impossibilité de poursuivre l'allaitement ;
Cause médicale ;
Simple souhait d'arrêter à un moment donné ;
Potentiel traitement médicamenteux ;
Etc.
Sevrage naturel VS sevrage induit : explications
Le sevrage naturel au rythme de bébé
Comme dit précédemment, le sevrage naturel se produit lorsque l'enfant commence à réduire de lui-même la fréquence des tétées. Petit à petit, il se désintéresse du sein et démontre un intérêt croissant envers l'alimentation solide et diversifiée. Il y a là un véritable souhait de goûter aux nouvelles saveurs et de s'éveiller à ce que le monde a à lui offrir.
Ce processus naturel s'étend souvent sur plusieurs mois. En le laissant guider, il ne vous reste plus qu'à suivre son rythme sans le forcer à quoi que ce soit. Il est tout à fait possible qu'il ne vous demande le sein que quelques minutes un jour et vous le demande plusieurs heures le lendemain. Il s'agit, pour lui, d'expérimenter et d'avancer à tâtons tout en se sentant en sécurité.
Cette approche permettra à votre nourrisson de développer son autonomie alimentaire tout en maintenant ce lien émotionnel qui le relie à vous, sa maman.
Le sevrage induit, fruit d'une véritable décision
Le sevrage induit est, quant à lui, un sevrage déclenché par la mère elle-même pour plusieurs raisons possibles, citées ci-dessus. Au vu de la nécessité du sevrage et de sa planification, il est généralement plus rapide que le sevrage naturel et demande une organisation préalable.
En effet, le sevrage induit est plus délicat à vivre émotionnellement pour maman qui ressent, très souvent, un sentiment profond de culpabilité et de tristesse. Pas de panique, dans ces moments-là, rappelez-vous surtout qu'il n'y a ni bonne ni mauvaise façon de faire. Le tout sera de suivre votre propre ligne conductrice et de prendre vos décisions en fonction de vos choix et besoins individuels.
En réalité, il n'y a pas d'âge idéal pour sevrer un bébé allaité. L'OMS recommande 6 mois d'allaitement exclusif et une aventure lactée de 2 ans et demi pour offrir un maximum de bienfaits à votre tout-petit. Or, il n'y a aucune obligation. Il s'agira de prendre votre décision de manière éclairée et de vous sentir en phase avec votre choix.
Si vous hésitez à passer au sevrage pour des raisons indépendantes de votre volonté, telles que la reprise du travail. Sachez qu'il existe des solutions pour poursuivre votre allaitement sans avoir à sevrer entièrement bébé.
Comment gérer au mieux le sevrage de votre enfant ?
Garder une écoute et une attitude bienveillantes envers votre enfant et vous-même
Comme toute étape dans la maternité, il est important de sevrer bébé sans vous mettre la pression. Le stress influence votre lactation et risque de vous faire prendre des décisions trop hâtives. Durant cette période de transition, votre nourrisson a surtout besoin que vous soyez attentive aux signaux qu'il vous envoie.
Sevrer bébé en douceur, c'est avant tout l'accompagner avec bienveillance et indulgence. Vous n'y arriverez peut-être pas du premier coup, ni dans les délais prédéfinis. Il est dès lors important de vous y prendre à l'avance et, si cela est impossible, de vous montrer présente pour votre enfant.
Il faudra également faire preuve d'indulgence et de bienveillance envers vous-même. Mettre fin à votre allaitement est une décision, parfois prise à contre cœur, qui impose un engagement émotionnel. Ne vous jetez pas la pierre si la période vous semble difficile. Prenez du recul et reposez-vous sans culpabilité. Que vous allaitiez 3 jours, 3 semaines, 3 mois ou 3 ans, ce que vous donnerez à votre bébé durant ce laps de temps ne sera qu'incroyablement bénéfique pour lui. Peu importe la durée de votre parenthèse lactée, vous êtes une mamallaitante à part entière et vous faites du mieux que vous pouvez au quotidien.
Avancer progressivement au rythme de bébé pour un sevrage en douceur
Un sevrage graduel est primordial pour ne pas brusquer bébé lors d'un arrêt de l'allaitement induit. Ceci permettra à votre tout-petit d'y aller à un rythme respectueux de ses besoins et à votre corps de diminuer progressivement votre production de lait. Ainsi, il est conseillé de commencer par la suppression d'une tétée sur votre journée et de voir comment votre nourrisson réagit à cette étape. Cette tétée sera dès lors remplacée, si besoin, par un contenant alternatif ou par un aliment solide. Ceci dépendra de votre enfant, de son âge, de ses habitudes et de ses besoins nutritionnels.
Si cette première étape se franchit avec succès, vous pouvez avancer progressivement vers l'arrêt d'une tétée supplémentaire et ainsi de suite jusqu'à l'arrêt total de votre allaitement. Il faut généralement compter une moyenne de 4 semaines pour un sevrage induit complet réalisé avec douceur. Ce chiffre reste une moyenne et ne définira peut-être pas votre expérience.
Nous ajouterons que les tétées du matin et du soir peuvent être conservées le plus longtemps possible. En effet, ces dernières sont fortement appréciées par les bébés qui les considèrent, d'une part, comme une façon de se dire bonjour et de se réveiller pour une nouvelle journée, et d'autre part, comme une manière de se dire bonne nuit et de se réconforter auprès de maman après une journée bien remplie. Bon nombre de mamans gardent d'ailleurs ces deux tétées sur le très long terme.
Pour y aller de façon graduelle, n'hésitez pas à :
Ne plus proposer le sein et ainsi ne plus induire vous-même des tétées ;
Augmenter les intervalles entre vos tétées en les retardant si bébé peut attendre ;
Raccourcir la durée des tétées.
Ces petites actions mises bout à bout enverront des signaux à votre tout-petit qui, progressivement, diminuera de lui-même l'intensité et le nombre de ses tétées.
Chercher du soutien émotionnel auprès de vos proches en fin d'allaitement
L'arrêt de l'allaitement peut être une période émotionnellement intense, tant pour la maman que pour son bébé. Il s'agit d'un changement d'habitudes et de l'arrêt d'une aventure particulièrement rassurante pour votre bébé.
Du côté de maman, nous parlons d'ailleurs du « Milk Blues », un phénomène courant survenant en fin d'allaitement lorsqu'il y a modification des hormones :
Diminution de la prolactine : responsable de la production de votre lait maternel, elle diminue au fur et à mesure que vos tétées s'espacent et que la demande s'amoindrit.
Augmentation de la progestérone : généralement plus basse que durant la grossesse, la progestérone réaugmente progressivement en fin d'allaitement.
Retour des oestrogènes : lorsque le sevrage s'effectue, le taux d'œstrogènes remonte petit à petit.
Fluctuation de l'ocytocine : cette hormone du plaisir et du bien-être fluctue en fin d'allaitement, vous rendant plus sensible et à fleur de peau.
Concrètement, ces modifications hormonales peuvent causer chez la maman plusieurs effets jugés difficiles voire indésirables. Premièrement, vous pourriez développer un engorgement, nous en parlerons plus bas dans cet article. Deuxièmement, il est possible que vous ayez à gérer quelques montagnes russes émotionnelles. Cette période de transition peut effectivement provoquer des sautes d'humeur, de l'irritabilité, un sentiment de tristesse ou d'anxiété, une sensation de vide ou de perte, etc.
Ces réactions varient d'une femme à l'autre. Là où certaines mamans peuvent ressentir des symptômes significatifs, d'autres traverseront cette période sans grands changements émotionnels. L'essentiel est de comprendre que ces modifications hormonales sont tout à fait normales durant cette période et qu'elles ne sont que temporaires. Si ce n'est pas le cas, consultez un professionnel de la santé et discutez avec lui de ce qui vous pèse.
Veillez également à vous entourer et à inclure votre partenaire dans cette nouvelle étape. Il peut vous être d'une grande aide et d'un énorme soutien pour traverser la transition dans les meilleures conditions possibles.
Nous en profitons également pour vous dire que nous vous avons rédiger un véritable guide sur l'allaitement et la lactation : L'allaitement, ça se vit ! Il s'agit d'une bible de plus de 100 pages qui vous fournira toutes les informations dont vous avez besoin pour vous lancer dans votre parenthèse lactée. Ce guide vous est proposé à la pièce ou dans notre kit Breastfriend, notre kit de préparation à l'allaitement.
Comment éviter l’engorgement mammaire lors de l’arrêt de l’allaitement ?
L’engorgement mammaire est l’un des défis les plus courants auxquels une maman est confrontée au sevrage de son allaitement. On parle d’engorgement lorsque vos seins sont trop remplis et que vous ressentez une douloureuse sensation de lourdeur. Ceci, à un autre moment que lors de votre montée laiteuse. Concrètement, ce tracas survient quand bébé consomme une quantité de lait maternel plus faible que celle qui est produite.
À l'arrêt de l'allaitement, votre nourrisson diminue son nombre de tétées et, par conséquent, sa quantité journalière de lait. Vos seins produisant toujours autant de lait maternel en début de période de sevrage, un déséquilibre peut survenir entre l'offre et la demande. Vos seins peuvent donc s'engorger si le sevrage est réalisé de manière trop brusque.
Pour éviter ce désagrément, voici quelques conseils pratiques :
Réduire progressivement le nombre de tétées : comme dit précédemment, un sevrage induit se doit d'être graduel. Ceci pour que votre corps puisse suivre la diminution des tétées à un rythme confortable, sans se brusquer. Il s'adaptera ainsi à la réduction de la demande.
Exprimer votre lait si vous en ressentez le besoin : si vous sentez que vos seins se tendent douloureusement entre deux tétées, vous pouvez toujours un peu tirer ou exprimer manuellement vos boobs. Veillez cependant à ne pas le faire trop souvent, au risque de stimuler votre production lactée et de causer l'effet inverse.
Pratiquer l'auto-massage de votre poitrine : en massant vos seins, vous en stimulerez la circulation sanguine, détendant ainsi la zone douloureuse.
Appliquer des compresses froides sur vos boobs : le froid est un bon allié pour apaiser et réduire l'inflammation due à l'engorgement.
Prendre rendez-vous chez un consultant en lactation : lors d'une étape comme le sevrage, il est pertinent de vous adresser à un professionnel expert dans le domaine de l'allaitement. Si vous vous posez des questions, si l'idée d'un engorgement vous préoccupe ou si vous n'arrivez pas à en apaiser les douleurs, n'hésitez pas à prendre rendez-vous.
Comment savoir si vous et bébé êtes prêts à arrêter l'allaitement ?
Il est très difficile de répondre à cette question puisque sa réponse dépendra de chaque situation, de chaque mère et de chaque enfant.
En tant que maman, il peut être difficile de prendre la décision d'arrêter d'allaiter. On privilégiera d'ailleurs souvent le sevrage naturel. Or, il est possible qu'un sevrage induit soit votre seule option ou que vous désiriez arrêter par envie ou pour des raisons personnelles. Le principal sera d'être au clair avec votre décision et de faire les choses correctement, en accompagnant votre enfant dans ce processus.
Pour bébé, plusieurs choses peuvent entrer en ligne de compte.
Dans un premier cas de figure, il est prêt à être sevré et entame de lui-même un sevrage naturel. Il montrera dès lors son intérêt pour une alimentation solide et se désintéressera peu à peu du sein. Toutefois, pour que cela soit le cas, il devra d'abord se sentir en sécurité sur le plan émotionnel. L'allaitement comble ses besoins tant nutritionnels qu'affectifs. Lorsqu'il tète, il se rassure et nourrit ce lien mère/enfant si bénéfique pour son développement.
Dans un second cas de figure, il n'est pas encore prêt à être sevré et cela se traduit par un refus de s'alimenter avec le biberon ou tout autre contenant alternatif. Si vous sentez un réel refus de sa part et que vous vous y êtes pris à temps, repoussez le processus de sevrage de quelques jours. S'il refuse toujours ou si vous devez procéder à un sevrage plus rapide, pour des raisons médicales par exemple, tentez de lui proposer votre lait maternel dans un verre pour commencer. Privilégiez un moment où votre enfant semble détendu. Lorsque vous retestez le biberon, chauffez-en également la tétine pour reproduire cette sensation de chaleur appréciée lorsqu'il prenait le sein.
Nous rajouterons qu'il est primordial de maintenir ce lien avec votre tout-petit et de le couvrir d'amour et de câlins. Même si vous ne lui donnez plus le sein, nourrissez ce besoin affectif, tenez votre enfant contre vous en lui donnant le biberon ou tout autre contenant. Ainsi, il comprendra que même si l'allaitement se termine, cela n'implique en rien la disparition de votre lien.
Ce qu'il faut retenir
Le sevrage peut être naturel (initié par bébé) ou induit (initié par maman).
Mettre fin à l'allaitement doit se faire de manière progressive et graduelle, pour avancer au rythme de bébé, permettre à votre corps de diminuer progressivement sa production de lait et ainsi éviter tout engorgement.
Le sevrage naturel s'effectue sur plusieurs mois, lorsque votre tout-petit est âgé de 2 à 6 ans.
Il faut compter en moyenne 4 semaines pour un sevrage planifié en douceur.
Il est important de trouver du soutien dans l'entourage pour pallier les modifications hormonales telles que le Milk Blues.
Si vous sentez que bébé n'est pas prêt à être sevré, reportez le sevrage de quelques jours en respectant ses besoins et son rythme.
Après la fin de votre allaitement, veillez à donner encore et toujours beaucoup d'amour à votre tout-petit en nourrissant le lien qui vous unit.
Avancez avec bienveillance et indulgence, il ne s'agit pas d'une course mais bien d'un marathon.
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